Histoire du chanvre au Canada – 1908-1920 : La diabolisation de la drogue

L'opium britannique, prétexte pour marginaliser les sino-canadiens

MacKenzie King décida que la seule facon de calmer l'agitation sociale était d'éliminer les Chinois. En sa qualité de citoyen, il soumit un rapport intitulé « Le besoin de supprimer le trafic d'opium au Canada ». Ce rapport était essentiellement basé sur des articles de journaux à sensation relatant la ruine de femmes blanches ayant consommé de l'opium. Le rapport de MacKenzie King conduisit à la création de la Loi sur l'opium de 1908, laquelle prohibait l'importation, la fabrication et la vente d'opiacés pour usage non médical.

La Loi de 1908 devint un modèle pour toutes les autres législations canadiennes concernant l'usage de drogues illicites jusqu'à nos jours, malgré le fait qu'elle fut créée dans le seul but d'éliminer les éléments indésirables de la main-d'oeuvre et qu'elle ne s'appuyait sur aucune donnée médicale, sociale ou aucune étude scientifique que ce soit pour démontrer son bien-fondé. En fait, on peut raisonnablement croire que MacKenzie King n'avait jamais eu l'intention que cette loi soit appliquée à des segments de la population blanche.

Les difficultés à faire appliquer la nouvelle loi, et le développement du marché noir pressèrent l'établissement d'une commission royale d'enquête sur la contrebande d'opium chinois. Des recommandations de ce comité naquit la Loi sur l'opium et autres drogues de 1911. Cette loi agrandit la liste des drogues prohibées, fit du simple usage et possession de ces drogues prohibées un acte criminel et augmenta le pouvoir des policiers en matière de fouille et saisie. En 1920, une année avant que MacKenzie King ne devienne Premier Ministre du Canada, le Ministère de la santé fonda le Bureau des drogues dangereuses et fut chargé de mettre en application la législation sur les narcotiques. La GRC entretint une coopération très étroite avec ce département, et ses loyaux services furent récompensés avec des lois encore plus permissives quant à ses droits de saisir et de fouiller les propriétés de consommateurs présumés.