Guide de consommation responsable

Guide de consommation responsable

Vous connaissez l'effet, mais connaissez-vous les faits?

Dépliant de sensibilisation à une consommation responsable, distribué par le Bloc Pot au début des années 2000.

Qu’est-ce que le cannabis?

Qu’est-ce que le cannabis?

Le cannabis, issu de la famille des cannabinacés, est un genre comprenant trois variétés : sativa, indica et ruderalis. Les tiges utilisées à des fins industrielles, ou les graines utilisées notamment à des fins alimentaires ne constituent bien évidemment pas une drogue (le Bloc Pot utilisera dans ce cas le terme chanvre). Par contre, les feuilles et fleurs et leurs produits dérivés (huile, haschisch) sont le plus souvent employés comme drogue. (Vous trouverez en page suivante la réponse à l'épineuse question « qu'est-ce qu'une drogue ».)

Définition du Sénat canadien

La définition ci-dessous provient du Sommaire du rapport final du Comité sénatorial sur les drogues illicites (2002)

Il existe trois variétés de plantes de cannabis, le cannabis sativa, le cannabis indica, et le cannabis ruredalis. La plante de la variété cannabis sativa est la plus répandue poussant dans presque tous les sols. La plante de cannabis est connue en Chine depuis environ 6 000 ans. À partir des sommités florifères de la plante de cannabis, mais aussi parfois des feuilles, on obtient le tabac à fumer. Sous cette forme, l’appellation la plus courante est le pot, mais on le désigne aussi sous le nom de mari, herbe, dope, ganja. La résine extraite de la plante sert à fabriquer le haschich. Généralement classifié sous les psychotropes, le cannabis est un perturbateur du système nerveux central. Le cannabis contient plus de 460 produits chimiques connus, dont plus de 60 sont désignés sous le nom de cannabinoïdes. Le principal ingrédient actif du cannabis est le delta-9-tétrahydrocannabinol, communément appelé THC. D’autres cannabinoïdes présents incluent le delta-8-tétrahydrocannabinol, le cannabinol et le cannabidiol mais ils sont présents en faibles quantités et n’exercent pas d’effets significatifs sur le comportement des individus, comparativement au THC. Ils peuvent cependant contribuer à moduler l’effet global du produit. Dans le rapport, nous utilisons le terme cannabis pour désigner l’ensemble des produits, et n’utilisons marijuana ou haschich que lorsque nous désignons ces dérivés spécifiquement.

Informations complémentaires

Pour une description beaucoup plus détaillée, veuillez vous référer à cet article de l'encyclopédie en ligne Wikipédia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cannabis.

Qu'est-ce qu'une drogue?

Qu'est-ce qu'une drogue?

La confusion règne quant à la définition exacte

Le concept de drogue varie selon qu’on considère les définitions juridiques propres à chaque pays, la langue populaire, le dictionnaire ou des ouvrages scientifiques.

Définition des dictionnaires

La définition des dictionnaires est en général incomplète et inexacte. Le Petit Robert, par exemple, définit le mot drogue, en premier lieu, comme « Ingrédient, matière première employée pour les préparations médicamenteuses confectionnées en officine de pharmacie » et par extension, « les médicaments eux-mêmes ». En deuxième lieu vient une définition propre au XXe siècle : « Stupéfiant ». La définition du mot stupéfiant, quant à elle, va comme suit : « Toute substance toxique agissant sur le système nerveux, soit comme narcotique, soit comme euphorisant, et dont l’usage abusif provoque des perturbations graves, physiques et mentales, et un état de dépendance et d’accoutumance. »

Définition juridique

La définition juridique des drogues est propre à chaque pays; quoique la majorité d'entre eux essaient de se conformer à la terminologie des Conventions de l'ONU, elle-même peu rigoureuse au plan méthodologique.

Le terme psychotrope est officiellement utilisé par l'ONU pour désigner les substances classées aux tableaux I, II, III ou IV de la Convention de 1971. Mais l'ONU ne donne pas de définition du terme psychotrope dans ses conventions, se contentant de lister dans un tableau les substances ainsi catégorisées. Cette absence de définition internationalement reconnue est à l'origine de la confusion qui a parfois lieu avec celle de stupéfiant.

Définition scientifique

Le Bloc Pot reconnaît l'usage courant du mot « drogue », mais préconise néanmoins le terme substance psychoactive. Ce terme scientifique reconnu internationalement est utilisé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), branche scientifique de l'ONU.

L'avantage de ce terme est qu'il est politiquement et culturellement neutre. Autrement dit, il s'agit d'une définition qui tient compte des effets d'une substance sur le corps humain, mais n'accorde aucune importance au fait qu'elle soit licite ou illicite, qu'elle soit plus ou moins bien acceptée socialement, etc.

Ainsi, toute politique cohérente en matière de santé devrait inclure le cannabis dans un plan d'ensemble plus large incluant d'autres substances psychoactives comme l'alcool, le tabac ou encore la caféïne, qui sont des substances légales!

Alors le cannabis est-il une drogue?

Il est certain que le cannabis est une substance psychoactive qui entraîne des perturbations du métabolisme du corps humain. Mais comme il a été démontré plus haut, la définition du mot drogue est « à géométrie variable » dans différents pays, selon différentes coutumes et langues.

Au Canada, on peut classer le cannabis parmi les drogues pour la simple et bonne raison qu'il fait partie de substances régies par la Loi réglementant certaines drogues et autres substances. C'est donc la définition juridique qui a influencé le langage courant!

Informations complémentaires

Article de l'encyclopédie en ligne Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Drogue

Drogues : un problème de définition
http://www.blocpot.qc.ca/node/337

Conséquences légales de la consommation de cannabis

Conséquences légales de la consommation de cannabis

Un «crime» sans victime

Un « crime sans victime »

Dans notre société qui a choisi de criminaliser la possession et le trafic de cannabis, la pire des conséquences est de se faire condamner et attribuer un casier judiciaire. Un casier judiciaire vous colle à la peau pour le reste de votre vie, et signifie une plus grande difficulté à voyager à l'étranger ainsi que l’impossibilité d’exercer certains emplois. Ce problème n’est pas dû au cannabis lui-même, mais plutôt à des lois complètement injustes! Le Bloc Pot croit que fumer du cannabis est un « crime sans victime », et qu'il est stupide de traiter comme criminelle une personne non violente faisant ce choix.

Par contre, lorsque certaines actions menacent la santé et la sécurité d'autrui, il est tout à fait justifié d'imposer des sanctions sévères. C'est le cas de la conduite avec facultés affaiblies.

Conduite avec facultés affaiblies

La conduite avec facultés affaiblies par toute substance cataloguée comme drogue par le gouvernement canadien est une infraction en vertu de l'article 253 a) du Code criminel, même s'il n'y a pas d'accident!

Bien entendu, un accident peut bien entendu causer des blessures sérieuses ou la mort; dans ce cas, les conséquences légales (accusations et peine) envers le conducteur seront très graves, s'il est admis que celui-ci avait les facultés affaiblies au moment où s'est produit le drame. De nombreuses personnes conduisent tous les jours sans problème après avoir fumé un joint. Malheureusement, les effets du cannabis sont trop différents et imprévisibles d'une personne à l'autre pour qu'il soit possible d'envisager un seuil acceptable.

Le Bloc Pot recommande donc de ne conduire aucun véhicule motorisé après avoir consommé du cannabis. En fait, soyez responsable en tout temps, et n'oubliez pas que vous partagez la route avec les autres!

Conséquences sur la santé de la consommation de cannabis

Conséquences sur la santé de la consommation de cannabis

Pas dangereux, mais pas totalement innofensif

Le Sénat canadien a conclu en 2002 que l'usage excessif de cannabis « peut entrainer une dépendance qui demandera un traitement; toutefois, la dépendance induite par le cannabis est moins sévère et moins fréquente que la dépendance à d’autres substances psychotropes y compris l’alcool et le tabac». Une étude scientifique commandée par le gouvernement français en 1998 (rapport Roques) en est arrivée aux mêmes conclusions, à savoir que le cannabis est beaucoup moins dangereux que des substances légales comme l’alcool et le tabac, que ce soit au point de vue social, de la dépendance physique et psychique, ou encore de la toxicité. De multiples études faites à travers le monde depuis plusieurs décennies abondent dans le même sens mais sont délibérément ignorées par les gouvernements.

Pour la grande majorité des québécoises et québécois, la consommation de cannabis constitue un moyen de combattre le stress, une occasion de relaxer et socialiser avec les amis, et cette consommation se déroule sans problème particulier. Cependant, le cannabis n'est pas innofensif et la prudence est de mise dans certains cas.

Effets physiques immédiats

Les effets ressentis dans les minutes et les heures suivant la consommation de cannabis sont la bouche sèche et, des perceptions sensorielles accrues, l’accélération du rythme cardiaque, les yeux rouges et les pupilles dilatées. Un grand appétit et la somnolence sont aussi des effets secondaires bien connus. Ces effets peuvent varier selon la variété de marijuana consommée et selon que le consommation soit régulière ou occasionnelle, car une certaine tolérance se fait généralement sentir chez les fumeurs réguliers.

Le cannabis peut être bon pour la santé de milliers de malades chroniques, qui l’utilisent comme analgésique (pour soulager la douleur) quand les médicaments sur ordonnance sont inefficaces ou trop chers.

Risques à long terme sur la santé physique

La fumée de cannabis contient des substances nocives pour les poumons et potentiellement cancérigènes. L'importance portée à ces éléments cancérigènes est démesurée, lorsqu'on connaît les ravages causés par l'automobile en matière de pollution atmosphérique. Beaucoup de politiciens et de parents refusent de voir la réalité en face et préfèrent blâmer le mode de vie des jeunes, plutôt que de modifier leur propres comportements.

Or le respect d'autrui est le principe fondamental de toute loi sensée : le Bloc Pot est donc d'avis qu'advenant la légalisation du cannabis, l'interdiction de consommation dans les lieux publics devra s'appliquer, au même titre que pour la cigarette.

Le Bloc Pot conseille aux personnes aux bronches sensibles et aux utilisateurs thérapeutiques d'ingérer le cannabis par voie orale (biscuits, gâteaux), ou alors d'utiliser un vaporiseur (extracteur-inhalateur) qui a l'avantage de libérer ses principes actifs sans aucune combustion ni résidu.

Risques indirects

Par ailleurs, un risque sanitaire supplémentaire existe du fait que le commerce du cannabis et de ses dérivés se fait dans un marché noir non réglementé. Le hashisch, par exemple, est un produit importé par des organisations criminelles qui ne se gênent pas pour modifier la substance originale en y ajoutant de la paraffine, du henné ou des huiles de provenance douteuse au détriment de la santé du consommateur. Il n’existe malheureusement aucun mécanisme légal permettant d’en contrôler la qualité. Ce risque sanitaire est directement lié à la prohibition, et non au cannabis lui-même. Malheureusement, les beaux dépliants de prévention fournis par la police omettent toujours de mentionner ce fait.

Pour diminuer le risques d'ingérer des substances indésirables, le Bloc Pot recommande de rechercher du cannabis ou du haschisch de culture biologique, produit localement par des sources connues.

Risques sur la santé mentale

Le cannabis est une substance psychoactive qui, d’une manière générale, tend à amplifier un état d’âme préexistant. Des sources médicales font état de troubles d’anxiété, d’apathie, de confusion, de dépression, d’insomnie, de psychose lorsque celui-ci est consommé de façon exagérée. Une personne déjà déprimée, présentant des troubles de personnalité ou une maladie mentale comme la schizophrénie ne trouvera donc aucun bénéfice à en consommer; elle risque au contraire de s'en trouver plus déprimée ou plus confuse.

Attention de ne pas mélanger les substances

Beaucoup d'expériences désagréables et dangereuses (bad trips, vomissements, accidents de la route, etc.) sont dus à un mélange imprudent de plusieurs substances différentes, qu'elles soient légales ou illégales. Le tabac et l'alcool sont des substances légales mais extrêmement nocives à plusieurs point de vue, et qui sont souvent consommées en même temps que le cannnabis. En fait, aucune mort n’a jamais pu être directement attribuée au cannabis, alors que le tabac et l'alcool fauchent des vies à chaque semaine. Lorsque des substances sont ainsi mélangées, il devient très difficile de déterminer exactement quels sont les effets causés par l'une ou l'autre en particulier.

En fin de compte, que le cannabis soit consommé seul ou avec d'autres substances, le Bloc Pot recommande la prudence et la modération en toutes circonstances!

La théorie de l'escalade et les comportements à risque

De nombreux policiers et parents craignent qu’un simple fumeur de cannabis se tourne ensuite vers des drogues plus fortes comme l'héroïne, le PCP, l'extasy ou la cocaïne. Cette théorie dite «de l'escalade» fait partie de la propagande anti-marijuana depuis les années 1920 et n'a absolument aucun fondement scientifique.

Il n’existe aucun lien de cause à effet entre fumer du pot et devenir dépendant d'une substance. Le problème réside plutôt dans les contacts sociaux qu’une personne jeune et influençable pourra développer au sein de milieux criminels (gangs de rue, etc.) qui le pousseront ensuite vers un comportement à risque.

De plus, le contexte de toute action est fondamental. Fumer un joint pour oublier un problème n’est pas une bonne idée, non plus que de noyer son chagrin dans l’alcool ou d’aller traîner au casino. Consommer parce qu’il n’y a rien d’autre à faire, consommer avant les cours ou le travail sont des comportements aux conséquences beaucoup plus dommageables que de fumer un joint le week end en contexte récréatif.

Si vous croyez que votre consommation de drogue et alcool sert à masquer un problème plus fondamental, n'hésitez pas à demander de l'aide psychologique.

Rumeurs à l'effet que le cannabis est « de plus en plus fort »

Certains prétendent que puisque pot des années 2000 est « beaucoup plus fort» que celui de l’époque du flower power, il est beaucoup plus dangereux et présente des risques d’accoutumance plus élevés. Cela reviendrait à dire que la vodka entraîne plus de risque de devenir alcoolique que la bière, parce qu’elle est plus forte! En fait, une substance plus forte n’est pas nécessairement plus dangereuse, elle doit être consommée avec plus de modération. Voilà la nuance.

Il est vrai que depuis quelques années, certains croisements ont été effectués afin d'obtenir des variétés de cannabis plus puissant. Mais aucune étude sérieuse n'a encore pris la mesure exacte de ce phénomène, car aucun chercheur n'a pris la peine de se procurer systématiquement tout ce qui se vend sur le marché noir! Par conséquent, la marijuana « qui équivaut à une drogue dure » est en grande partie une rumeur non vérifiée, propagée par les milieux policiers et certains juges de la vieille école, et relayées par des journalistes en quête de scoops. (Voir à cet effet http://www.blocpot.qc.ca/node/241)

Le Bloc Pot est d'avis que le régime de prohibition est la cause principale de l'augmentation de la teneur en THC de certaines variétés de cannabis (si celle-ci s'avère prouvée). La nécessité de dissimuler la substance illégale n'est pas étrangère à ce phénomène. Qui, de nos jours, voudrait prendre le risque de se promener avec un gros sac de feuilles de chanvre ayant peu d'effet?

En fait, si le cannabis est trop puissant, ce qui peut arriver de plus désagréable est d’être trop gelé, complètement assommé. Ce mauvais quart d’heure, que beaucoup de fumeurs ont déjà connu, pourrait être évité s’il existait une forme d’étiquetage réglementé; bref, s’il était possible de savoir ce qu’on achète afin de mieux doser notre consommation. Le taux de THC exact de la variété de cannabis choisie devrait idéalement faire partie des exigences minimales d'étiquetage.

Enfin, n'oublions pas qu'un cannabis plus puissant peut être moins dommageable pour les poumons, puisqu'il est possible d'obtenir le même effet en inhalant beaucoup moins de fumée. Cela est particulièrement important pour les patients ayant besoin de consommer la marijuana à des fins thérapeutiques.