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Publié le mercredi 1 décembre 2010
Les mythes liés à la fraude

(Photo: SXC)

Note : Par l’entremise de son Centre anti-fraude, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sensibilise actuellement la population canadienne à la fraude, que l’on retrouve sous diverses formes. Dans le cadre de sa campagne, la GRC présente quelques mythes liés à la fraude.

OTTAWA – Gênées d’avouer qu’elles se sont laissé duper, la plupart des victimes de la fraude passent ce crime sous silence. En effet, on estime à 5 % seulement le taux de personnes qui le signalent. Il s’agit là d’un problème étant donné que l’abstention de signaler la fraude est la première raison de sa propagation si rapide et du nombre élevé de victimes.

Aujourd’hui, la fraude n’est plus aussi simple qu’elle l’était autrefois. De nombreux cas sont sophistiqués, complexes et difficiles à détecter. La majorité des perceptions que se font les gens de la fraude sont en réalité de fausses idées les menant à croire que ce problème est banal au Canada. Rien ne peut être aussi faux. Selon les estimations, les pertes annuelles liées à la fraude au Canada varient entre 10 et 30 milliards de dollars, un montant comparable aux profits de la drogue.

Ce que vous ignorez de la fraude d’aujourd’hui peut vous nuire. Voici quelques mythes et réalités :

Mythe n° 1 : Les personnes intelligentes ne se laissent pas escroquer. Les experts en prévention de la fraude ont toujours mis la population en garde contre les affaires trop bonnes pour être vraies. Mais de nos jours, les offres frauduleuses faites principalement sur Internet ou au téléphone sont si élaborées et si crédibles que même les gens prudents et bien instruits se leurrent. Plus la fraude se sophistique, plus elle devient difficile à reconnaître et à éviter.

Les victimes de la fraude viennent de toutes les classes socio-économiques et de tous les niveaux d’éducation. Donc, si on vous a déjà escroqué, sachez que vous n’êtes pas seul. Ne laissez pas la honte vous empêcher d’en parler. Personne ne vous jugera stupide pour avoir dénoncé une fraude à la police et au Centre antifraude du Canada. Chaque appel compte - le vôtre pourrait fournir l’information manquante permettant enfin de neutraliser une escroquerie.

Mythe n° 2 : C’est la conséquence de l’avidité. C’est dans la nature humaine de vouloir s’approprier des choses gratuitement. Cette inclination pousse beaucoup de gens à sauter sur des occasions frauduleuses leur promettant qu’ils vont gagner de l’argent facilement et rapidement. Bien que certaines victimes de la fraude soient effectivement âpres au gain, la plupart d’entre elles sont des personnes respectables qui cherchent seulement à liquider leurs dettes ou à offrir une vie plus aisée à leurs familles. Les personnes aux prises avec des difficultés financières sont particulièrement vulnérables aux manœuvres frauduleuses car elles leur offrent de l’espoir.

Mythe n° 3 : La fraude est un « crime en col blanc ». Ce raisonnement laisse entendre que la plupart des fraudes sont des crimes non violents perpétrés par des hommes d’affaires élégants munis de porte-documents. Même si cette prétention peut être vraie dans certains cas, le fait est que 80 % des fraudes au Canada sont orchestrées à grande échelle par des groupes du crime organisé - les mêmes impitoyables criminels qui trafiquent des drogues et contrôlent le commerce du sexe.

Les groupes criminalisés sont capables de diversifier leurs activités. Ils s’impliquent dans tout type de crime lucratif et, pour l’heure, ils voient dans la fraude un terrain prospère car les peines sont encore relativement négligeables par rapport aux énormes profits engendrés. Chaque fois que votre argent tombe entre les mains de criminels organisés, des armes et des drogues entrent dans nos collectivités. En d’autres termes, notre société, et, partant, notre économie, se fragilise.

Mythe n° 4 : La fraude ne fait de mal à personne. Juste parce que votre banque ou l’institution émettrice de votre carte de crédit vous a remboursé les fonds volés de votre compte, n’allez pas croire que toutes les victimes de la fraude revoient leur argent.

La fraude a détruit les économies d’une vie, des épargnes-retraite, des ménages, des entreprises, voire même des vies dans certains cas. Des personnes âgées qui se sont fait extorquer le pécule amassé pour leur retraite se retrouvent soudainement dans la pauvreté et n’ont d’autre choix que de dépendre des systèmes de sécurité sociale du pays. Les difficultés pécuniaires créent de fortes tensions familiales qui peuvent mener à des ruptures, à de la violence conjugale et qui peuvent présenter un danger physique et moral pour les enfants. Les gens ayant subi une perte totale sont parfois si terrassés qu’ils mettent fin à leurs jours. La fraude fait bel et bien des victimes par millions. Certaines se font rembourser leur argent et reprennent leur vie normale, et n’ont d’autre histoire à raconter que leur expérience pour mettre en garde leur entourage. Beaucoup n’ont pas cette chance.

La fraude a non seulement des conséquences désastreuses sur les particuliers et les familles, elle compromet aussi l’intégrité économique du pays. Pour compenser les pertes causées par ce crime, les entreprises augmentent leurs taux d’intérêts et leurs frais de service, faisant ainsi payer le prix à la population. Et lorsque celle-ci perd sa confiance dans la sécurité des transactions financières, l’économie ralentit.