Un texte sur la dépénalisation du cannabis présenté au Congrès américain

Le texte « considère la marijuana comme une question de santé publique plutôt que de criminalité et servirait à corriger le lourd bilan provoqué par sa criminalisation dans les communautés défavorisées et de couleur », a assuré le démocrate Jerrold Nadler, principal auteur de la proposition.

MONDE ÉTATS-UNIS
Un texte sur la dépénalisation du cannabis présenté au Congrès américain
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AFP
Vendredi, 1 avril 2022 12:14
MISE À JOUR Vendredi, 1 avril 2022 12:14

La chambre basse du Congrès américain se prononce vendredi sur une
proposition de loi visant à rayer le cannabis de la liste fédérale des
drogues dangereuses, un pas historique vers sa dépénalisation déjà effective
dans de nombreux États.

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C'est la seconde fois que le texte, baptisé More Act, est présenté à la
chambre des représentants. Il avait été approuvé en décembre 2020 par la
majorité démocrate mais n'avait pas été introduit au Sénat, alors contrôlé
par les républicains.

Il décriminaliserait au niveau fédéral la possession, la vente et la
production de cannabis, actuellement considéré par l'agence de lutte
antidrogue (DEA) comme équivalent au LSD, à la cocaïne ou à l'héroïne, même
si plus des trois-quarts des États américains ont légalisé la consommation
de cannabis pour usage médical, et un tiers pour un usage récréatif.

Il annulerait également les condamnations fédérales pour les infractions
mineures à la législation sur les stupéfiants, qui entraîne selon les
défenseurs du texte des incarcérations de masse touchant surtout les
minorités.

Le texte « considère la marijuana comme une question de santé publique
plutôt que de criminalité et servirait à corriger le lourd bilan provoqué
par sa criminalisation dans les communautés défavorisées et de couleur », a
assuré le démocrate Jerrold Nadler, principal auteur de la proposition.

Pour Aaron Smith, de l'Association nationale de l'industrie du cannabis
(NCIA), la loi permettra également que « les petites entreprises et les
membres des communautés marginalisées qui ont été victimes de manière
disproportionnée par l'interdiction puissent bénéficier des opportunités
créées par un marché régulé du cannabis ».

Réforme populaire

La prohibition de la marijuana au niveau fédéral freine l'expansion de sa
production et de son commerce légal.

Selon le site d'information pro-cannabis Leafly, le secteur, en plein essor,
pesait 25 milliards et employait 321 000 personnes en 2021. Mais les banques
restent réticentes à financer les producteurs ou les vendeurs de crainte
d'être poursuivies pour blanchiment d'argent.

De plus, les partisans du texte dénoncent le coût financier et humain, de la
guerre contre la drogue lancée dans les années 1980 par les autorités
américaines.

Les opposants au texte insistent quant à eux sur les dangers de la
dépendance, notamment chez les jeunes, et des accidents de la route par des
conducteurs sous influence.

« Beaucoup de gens consomment du cannabis, quand il sera légalisé au niveau
fédéral, encore plus de gens en consommeront et le niveau de danger
augmentera », a affirmé Cliff Bentz, élu républicain de l'Oregon, l'un des
principaux États producteurs.

Le texte instaurerait aussi une taxe de 5% sur la vente de cannabis et ses
dérivés, pour financer les soins et la réinsertion de victimes,
majoritairement afro-américaines, de la guerre contre la drogue.

La réforme est très populaire aux États-Unis. Selon un sondage de l'institut
de recherches Pew l'année dernière, 91% des Américains étaient en faveur
d'une légalisation du cannabis.

Mais en pratique, si la loi devait être adoptée, le cannabis ne serait pas
pour autant légal dans tout le pays, les différents États américains restant
maîtres de leur législation antidrogue.

Le cannabis est déjà légal dans certains pays du monde, et en décembre 2020,
la Commission des stupéfiants de l'ONU avait également retiré le cannabis de
sa liste des drogues les plus dangereuses, sur laquelle il figurait depuis
59 ans et qui décourageait son utilisation à des fins médicales.

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