Courrier des lecteurs : Joins-toi à nous

Voir, Vol. 13 No. 15, jeudi 15 avril 1999, p.3
Guillaume Blouin-Beaudoin, candidat bloc-potiste de la circonscription de Viau

À mon grand plaisir, le député bloquiste de Rosemont, Bernard Bigras, a lancé un débat sur la légalisation du cannabis à des fins médicales à la Chambre des communes d'Ottawa. Bravo ! Les sidatiques et les cancéreux en phase terminale pourront enfin bénéficier d'un traitement qui semble efficace pour stopper les nausées et stimuler leur appétit.

Un traitement sans effets secondaires déplaisants (plaisants?), naturel, et moins coûteux (surtout s'ils le font pousser eux-mêmes) que les extraits synthétiques de cannabis qu'on leur administre en doses peu contrôlables.

Cependant, la majorité des consommateurs de cannabis le font à des fins récréatives. La légalisation du cannabis à des fins médicales est un pas dans la bonne direction, mais cette mesure n'affectera que peu de gens.

Ça me révolte de voir nos gouvernements couper dans la santé et dans l'éducation alors qu'ils continuent de payer des procureurs, des policiers, des juges et des gardiens de prison. On poursuit des gens pour possession, consommation et culture de cannabis pour usage personnel - or, pour moi, ce sont des crimes sans victimes. Je vous réfère à la citation en exergue du texte: fumer un joint ne nuit pas à autrui. La prohibition réduit notre liberté.

De plus, malgré la prohibition, la consommation est assez répandue. Certains policiers n'appliquent même plus cette loi! Doit-on conclure que la prohibition est inefficace? En tout cas, c'est ce qu'ont conclu, entre autres, Marie-Andrée Bertrand (de la Commission LeDain sur la légalisation), Lionel Prévost et Pops au Forum jeunesse du Bloc québécois.

Le jour où l'on laissera les «fumeux» cultiver le cannabis pour leur consommation personnelle, on enlèvera de l'argent au marché noir. La criminalisation force les consommateurs (qui sont en grand nombre malgré la prohibition) à se tourner vers le marché illégal puisqu'ils ne peuvent pas acheter de cannabis légalement.

Notre situation actuelle ressemble à la prohibition de l'alcool au début du siècle. La légalisation de l'alcool a permis de réduire le taux de criminalité et les réseaux criminels de vente d'alcool. Au Québec, la SAQ est la poule aux oeufs d'or du gouvernement, elle permet l'enrichissement collectif.

Et si on agissait avec le cannabis comme on le fait avec l'alcool? Vente légale à la SAQ et dans les bars; aucune publicité; interdiction de consommer avant de conduire... On le fait bien pour l'alcool qui tue, pour le tabac qui tue, même pour la caféine qui cause la dépendance!

J'incite ceux qui appuient cette idée à se joindre aux dix mille personnes qui ont appuyé notre cause en votant Bloc-Pot aux dernières élections, et à appeler les ministres fédéraux et provinciaux de la Justice. L'addition de tous vos appels aidera à en finir avec cette répression dispendieuse, inefficace et inutile.

« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. »
– Article IV de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen (France).