SQDC Des produits de vapotage de cannabis sur les rayons
La Direction de santé publique au courant. Faute d’étude probante, on a décidé d’aller de l’avant.
Mais elle ajoute qu’il n’y a toutefois pas eu d’études probantes démontrant que de consommer du cannabis en vapotant était plus nocif que d’en prendre d’une autre façon. « Faute d’étude probante, on a décidé d’aller de l’avant. C’est une initiative propre de la SQDC dans le but de contrer le marché illégal et les produits dangereux qui s’y vendent. » Suzanne Bergeron
Le Dr Boileau. S’est-il opposé à la décision ?
« On n’a pas dit qu’on était contre. On a dit qu’on était préoccupés. »
Pour le moment, il n’est pas « tout à fait clair d’un point de vue scientifique
que le vapotage de cannabis soit plus nocif que les autres modes de consommation », indique-t-il.
SQDC Des produits de vapotage de cannabis sur les rayons
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
La Société québécoise du cannabis se lancera d’ici un an dans la vente de produits de vapotage.
D’ici un an, les clients de la Société québécoise du cannabis (SQDC) pourront se procurer des produits de vapotage, en succursale et en ligne. Après s’être abstenue d’en vendre à la suite des recommandations de la Direction de santé publique émises il y a cinq ans, la société d’État a finalement décidé de sauter dans l’arène afin de répondre à la demande et d’offrir des produits plus sûrs que ceux vendus illégalement.
Publié le 29 nov. 2024
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Nathaëlle Morissette
La Presse
Un appel de produits a été lancé jeudi afin de trouver des fournisseurs capables de mettre au point un dispositif et des cartouches répondant aux critères de la SQDC, a confirmé à La Presse sa conseillère en affaires publiques et porte-parole, Chu Anh Pham. Pour ses autres produits, elle fait actuellement affaire avec 53 fournisseurs. On prendra également les prochains mois pour former les employés afin qu’ils soient bien outillés pour conseiller les clients sur ce nouveau venu en magasin.
Au courant de la récente décision, le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique du Québec, affirme ne pas s’y être opposé, mais il s’est dit « préoccupé ».
Oubliez les saveurs, les arômes et les emballages clinquants. La SQDC ne veut pas commercialiser un produit de vapotage susceptible d’attirer les jeunes. Près de « 73 % des 15-17 ans et 55 % des 18-20 ans ayant consommé du cannabis dans la dernière année ont utilisé cette méthode », selon l’Enquête québécoise sur le cannabis 2023, menée par l’Institut de la statistique du Québec.
Impossible pour le moment de savoir quel sera le prix au détail des produits de vapotage vendus dans les succursales. Et la société d’État affirme ne pas s’être fixé d’objectifs de vente, pour l’instant. « Dans les autres provinces où ils sont vendus légalement, les produits de vapotage peuvent représenter entre 15 % et 18 % des ventes », indique Chu Anh Pham.
Actuellement, seuls le Québec et l’Île-du-Prince-Édouard n’en commercialisent pas. Il est légal d’en vendre au Canada depuis 2019.
Techniquement, dès 2019, on aurait pu vendre des produits de vapotage de cannabis. Mais on a décidé de jouer de prudence.
Chu Anh Pham, conseillère en affaires publiques et porte-parole de la SQDC
« Un phénomène qui a pris de l’ampleur »
Pourquoi la SQDC a-t-elle changé son fusil d’épaule alors que la Direction de santé publique n’a pas changé ses recommandations ? « La raison pour laquelle on a décidé d’entamer un processus de commercialisation des produits de vapotage de cannabis, c’est parce que ce mode de consommation est un phénomène qui a pris de l’ampleur, explique Mme Pham. Avec ce qu’on retrouve sur le marché illégal, on a décidé d’agir selon notre mission, c’est-à-dire d’offrir des produits à moindres risques dans le but de protéger la santé publique », dit-elle, ajoutant dans la foulée que les produits offerts sur le marché illicite sont « dangereux ».
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
Impossible pour le moment de savoir quel sera le prix au détail des produits de vapotage vendus dans les succursales de la SQDC.
« Pour les produits de vapotage, on va respecter toutes les normes actuelles [appliquées aux autres] produits de cannabis, c’est-à-dire un taux de THC qui ne dépasse pas 30 %, des emballages qui ne sont pas attrayants pour les jeunes, il n’y aura pas de saveur ni d’arôme, contrairement à ce que l’on retrouve sur le marché illégal, ajoute-t-elle. Tout ça fait en sorte que nos produits sont à moindres risques. C’est ce qui fait notre distinction. »
« Au cours des dernières années, il y a eu plusieurs études où on constate que le vapotage prend de l’ampleur auprès des jeunes », reconnaît-elle.
Mais elle ajoute qu’il n’y a toutefois pas eu d’études probantes démontrant que de consommer du cannabis en vapotant était plus nocif que d’en prendre d’une autre façon. « Faute d’étude probante, on a décidé d’aller de l’avant. C’est une initiative propre de la SQDC dans le but de contrer le marché illégal et les produits dangereux qui s’y vendent. »
La Direction de santé publique au courant
Avant de prendre sa décision, la SQDC, notamment sa présidente et cheffe de la direction, Suzanne Bergeron, a rencontré des représentants de la Direction de santé publique ainsi que les autorités policières afin de recueillir leur avis.
Une information confirmée par le Dr Boileau. « Oui, on a eu à regarder ça. On nous a demandé notre opinion », a-t-il affirmé au bout du fil.
S’est-il opposé à la décision ? « On n’a pas dit qu’on était contre. On a dit qu’on était préoccupés. » Pour le moment, il n’est pas « tout à fait clair d’un point de vue scientifique que le vapotage de cannabis soit plus nocif que les autres modes de consommation », indique-t-il.
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique du Québec
On comprend que la situation a évolué. Dans le contexte où on a décidé d’aller de l’avant, on est capable de travailler avec la SQDC.
Le Dr Luc Boileau, directeur national de santé publique du Québec
Maintenant que la décision est prise, le Dr Boileau rappelle qu’il est important « d’établir les paramètres » faisant en sorte que le produit vendu soit sûr, tout en évitant d’en faire la promotion.
En ce qui concerne l’attrait des jeunes pour le vapotage, Mme Pham assure de son côté qu’il s’agit là de l’une des principales préoccupations. « Mais ce n’est pas une clientèle qu’on sert à la base », dit-elle en rappelant que seuls les gens âgés de 21 ans et plus peuvent acheter des produits dans les succursales et en ligne.
« Probablement qu’il y a un travail de sensibilisation et de prévention à faire, mais ce n’est vraiment pas notre public cible. »
« Pas un magasin de bonbons »
Ce virage vers le vapotage n’ouvrira toutefois pas la porte à la vente de jujubes ou de chocolat dans les magasins de la société d’État.
« On ne veut pas se transformer en magasin de bonbons, lance sans détour Chu Anh Pham. On ne veut pas banaliser le cannabis, ça demeure une drogue. »
Les produits comestibles représentent environ 3 % des ventes de la SQDC. À part les craquelins, les abricots séchés et les saucissons, entre autres, on a également déjà mis en vente de la sauce à poutine et des soupes ramen. Ces produits ont toutefois connu peu de succès et ont été retirés des rayonnages.
La SQDC en bref
Présidente et cheffe de la direction : Suzanne Bergeron
Ouverture des premières succursales : octobre 2018
Nombre de succursales : 101
Nombre de produits : entre 400 et 450
Quantité vendue : 122 000 kilos de cannabis en 2023-2024 (un bond de 15 % par rapport à l’année précédente)
Nombre total d’employés : 1200 (magasins et siège social)
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