Chine: Droits de l'homme - Les intérêts économiques ont, hélas, raison des grands principes. l

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La loi du plus fort
Publié le 30 décembre 2009 - 09:10

En même temps qu’était révélée, hier, l’accession de la Chine au rang de premier exportateur mondial, tombait la nouvelle de l’exécution d’un ressortissant britannique, Akmal Shaik, condamné à mort pour trafic d’héroïne.

Assurément, alors que flambent les bulles boursières et immobilières, les droits de l’homme sont la seule valeur résolument à la baisse en Chine.

Les autorités chinoises ont accueilli avec leur habituel mépris les vaines requêtes des dirigeants britanniques invoquant les graves troules mentaux de l’accusé. La clémence et le pardon, réclamés par le premier ministre Gordon Brown, ont même pris l’allure d’inutles et dégradantes supplications devant la froideur impavide de Pékin.

Bien timides et dérisoires, au demeurant, ont été les réactions internationales à cette exécution (sommaire?) qui est, en Chine, la première d’un Occidental depuis 51 ans. Peut-être Akmal Shaik a-t-il payé pour les mauvaises relations sino-britanniques. Comme payent tous ceux qui manquent de respect au «dragon chinois».

Sûre de sa force et de la toute puissance de son marché, la Chine aurait au demeurant bien tort de se gêner. Pour vendre à la Chine, il faut d’abord... se vendre, et il n’y a de «business» possible avec elle qu’au prix de piteuses prosternations.

Les intérêts économiques ont, hélas, raison des grands principes.

Inutile, donc, d’espérer une mobilisation internationale pour contraindre les dirigeants chinois au «libre échange» sur les droits de l’homme.

Il faudra s’y faire: la Chine n’a pas fini d’imposer sa loi.!

Jacques Camus

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http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2009/12/29/londres-proteste...

Colère à Londres après l'exécution d'un Britannique en Chine
LEMONDE.FR | 29.12.09 | 14h24 • Mis à jour le 29.12.09 | 23h09

Le Royaume-Uni a vivement condamné l'exécution, mardi 29 décembre, du ressortissant britannique Akmal Shaikh, condamné pour trafic d'héroïne. Responsables politiques et éditorialistes ont dénoncé la mise à mort d'un homme qui souffrirait, selon ses proches, de troubles maniaco-dépressifs et de crises de délire. Deux logiques s'affrontent : Londres invoque les droits de l'homme et dénonce l'absence de procès équitable, Pékin défend sa souveraineté et la lutte contre le trafic de drogues.

Le premier ministre, Gordon Brown, qui était intervenu à diverses reprises afin d'obtenir la clémence des autorités chinoises, a condamné cette exécution "dans les termes les plus fermes". Mais l'attaque la plus lourde est venue d'un secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, Ivan Lewis : "La Chine ne peut pas espérer recevoir le respect auquel elle aspire de la part de la communauté internationale tant qu'elle ne se conformera pas à quelques standards minimum en matière de droits de l'homme", a-t-il déclaré peu après avoir eu "une discussion difficile" avec l'ambassadrice de Chine, rapporte The Times. Selon The Guardian, le secrétaire d'Etat a également profité de cette entrevue pour protester contre l'annulation par Pékin d'une réunion prévue en janvier entre les deux pays sur le thème des droits de l'homme en Chine.

Comme nombre de responsables britanniques, le chef du Foreign Office, David Miliband, s'étonne sur son blog du soutien de la population chinoise à cette exécution : "Des événements comme celui d'aujourd'hui ne peuvent qu'alimenter les arguments de ceux qui pensent que [l'intégration de la Chine au système mondial] est un rêve impossible, et que nos systèmes de valeur sont trop éloignés. Je ne le pense pas, mais cet événement nous rappelle à quel point nos perspectives peuvent être différentes. Nous devons comprendre la Chine (et le soutien massif de la population pour cette exécution). Ils doivent nous comprendre."

"GUERRE DE L'OPIUM"

Ce feu nourri de critiques a eu le don de provoquer une certaine "irritation" en Chine, rapporte le Timesonline. Le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois a ainsi déclaré lors d'un point presse à Pékin que "personne n'a le droit de commenter la souveraineté judiciaire de la Chine". "Le souhait des peuples à travers le monde est de lutter contre le trafic de drogues. [...] Nous pressons les Britanniques de corriger leur erreur afin d'éviter de mettre à mal les relations entre la Chine et la Grande-Bretagne", poursuit-il.

Seule voix anglaise dissonante dans ce concert de critiques, un éditorialiste du Guardian prend le contrepied de ses confrères et la défense de Pékin. Dans un article intitulé "Pourquoi il est hypocrite de s'en prendre à la Chine", Michael White estime que Londres est bien mal placé pour faire la morale à Pékin. Tout d'abord, rappelle-t-il, "en tant que gouverneurs, George W. Bush et Bill Clinton – que tant de nous admirent – ont approuvé les exécutions contestables de personnes vulnérables comme Akmal Shaikh. Un forte proportion des quelque 3 000 Américains dans le couloir de la mort sont noirs." Il estime qu'il s'agit d'une question de souveraineté et que "la Chine, comme les Etats-Unis, a le droit d'appliquer ses propres lois".

Mais son principal argument concerne la responsabilité historique de l'empire britannique dans l'essor du trafic de drogues en Chine. Les guerres de l'opium qui opposèrent les deux pays au XIXe siècle furent déclenchées par la décision de la Chine de lutter contre le trafic d'opium, alors légal en Grande-Bretagne, en provenance des Indes britanniques. "Résultat : la Chine a été forcée d'accepter le commerce avec des conséquences sociales dévastatrices", résume le journaliste qui conclut son papier en interpellant le secrétaire d'Etat aux affaires étrangères : "Pas de déclaration de guerre cette semaine, s'il vous plaît, Ivan."

Le Monde.fr

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