Entre haine et amour
Dernièrement j'ai été déstabilisé par une capsule auditive de Luc Prévot, le topot #113 "Sexy, le refus du marché légal?" (texte archives 2023)
Au départ, j'étais offensé par son propos. "Une certaine frange d'amateurs de cannabis défendrait le marché noir de façon hargneuse". Moi, un personnage hargneux? Ma seule envie était d'arrêter la capsule, il faut dire que la vérité choque! (Hargneux signifie de mauvaise humeur, haineux ou encore agressif.) Or, Luc fait preuve de beaucoup de recul en essayant de comprendre sa propre réaction face à notre façon défendre le marché illicite. J'ai donc décidé de me prêter au jeu avec lui, à savoir pourquoi je partageais autant de hargne contre la sqdc.
Malgré un départ offensant, on retrouve à travers la capsule plusieurs éléments de réflexion sur les raisons qui pousseraient les amateurs de cannabis à adopter le marché noir. C'est dans un thèse de Marc Alain sur la contrebande de cigarettes, sur lequel Luc fait un éclatant retour qu'on trouve de réels éléments de réponse.
Bien que je sois critique au sujet de la SQDC ou des défauts qu'un monopole d'État peut bien porter, cela n'explique pas mon refus complet de la légalisation. En fait, cette hargne partagée férocement repose davantage sur l'efficacité de l'État à gérer quoi que ce soit. À la recherche de nouvelles sources de financement pour réduire le déficit induit par sa mauvaise gouvernance, l'État étouffe un marché florissant, celui du cannabis. Même que les conditions établies favorisent la montée d'un oligopole, c'est-à -dire un marché détenu par quelques-uns. Une situation en décalage complet avec l'une des valeurs principales des amateurs de cannabis, le partage.
Donc je refuse obstinément de participer à cette pseudo-légalisation, qui selon toute vraisemblance permet la criminalité. Je dis permet, alors que nos confrères sont emprisonnés pour culture illicite, les dirigeants de CannTrust bénéficient de privilèges dignes du monopoly, comme une sorte de carte chance pour éviter la prison.
Pour moi c'est l'insulte à l'injure!
Tout cela est frustrant, ça fait rager et pourtant Luc fait une proposition pour le moins surprenante aux amateurs hargneux de mon espèce : "et s'il fallait séduire plutôt que convaincre". Parce que le marché illicite est attrayant par sa variété de produits, son accessibilité, ses bas prix et surtout de par sa nature, celle de contrecarrer l'ordre établi. Une sorte de contre pouvoir qui fait pression sur le système. Alors désobéissons, dans l'allégresse, la joie. Montrons au gouvernement que l'herbe est bien plus verte chez nous. Encourageons les acteurs du marché noir qui l'ont maintenu durant la prohibition.
Offrons leur l'armistice, la paix!
En même temps, libérons nous!
Benjamin
Topot #113
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