Clubs compassion: Les «pro marijuana» devant le tribunal

Métro, 23 juin 2010

La trentaine d’activistes du cannabis médicinal interpellés début juin se présentent mercredi en ordre dispersé devant la cour, avec la ferme intention d’en profiter pour faire avancer leur cause.

Les quatre centres montréalais perquisitionnés il y a quelques semaines offraient du cannabis thérapeutique aux personnes souffrant notamment du cancer, du sida ou de la sclérose en plaques. Mais tous ne semblaient pas faire preuve de la même rigueur.

Si le Club compassion de l’avenue Papineau passait plutôt inaperçu et demandait un certificat médical aux personnes qui voulaient devenir membres, le centre Culture 420, à Lachine, ouvert il y a quelques mois, avait des méthodes plus laxistes.

À la veille de sa comparution, Marc-Boris St-Maurice, du Centre compassion du boulevard Saint-Laurent, a d’ailleurs tenu à se désolidariser du club Culture 420. «Si on se lance dans le cannabis médical, il faut le faire avec rigueur», a-t-il déclaré, mettant de l’avant ses 10 ans de militantisme pour la cause.

Le chef du Bloc Pot, Hugo St-Onge, ne fait pas partie des militants arrêtés, mais il connaît bien le dossier. «On fait fausse route en mettant ça sur le dos de Culture 420. Le vrai problème, c’est la façon dont Santé Canada gère le programme de cannabis thérapeutique.»

D’après lui, il faudrait aussi réglementer les clubs compassion afin d’éviter d’éventuels débordements et de favoriser une bonne reddition de comptes. Lors de la perquisition du centre géré par M. St-Maurice, qui indique avoir 1500 membres, le SPVM a saisi environ 100 lb de cannabis et près de 35 000 $. Une grosse somme pour un OSBL. Si les clubs compassion sont illégaux au sens de la loi, ils étaient jusqu’ici plus ou moins tolérés.

Du déjà vu

Il y a 10 ans, Marc-Boris St-Maurice s’était fait arrêter dans les mêmes circonstances. Les militants pour la légalisation avaient à l’époque plaidé le droit constitutionnel des malades d’avoir accès à de la marijuana thérapeutique pour se soigner. Même si aucun militant n’avait été condamné à la prison, il ne s’agissait que d’une demi-victoire. En effet, en stoppant les procédures, le procureur leur enlevait la possibilité d’obtenir un jugement qui aurait pu faire jurisprudence.