Le Glanage
Des milliers de bénévoles sillonnent les campagnes québécoises pour lutter contre la faim, le gaspillage et,
un tant soit peu, la pénurie de main-d’oeuvre agricole.
Une activité qui consiste à ramasser ce qui reste dans les champs
ou les arbres fruitiers une fois que le producteur a terminé sa récolte.
Le Glanage
Le glanage est une activité qui consiste à ramasser ce qui reste dans les champs ou les arbres fruitiers une fois que le producteur a terminé sa récolte. Ce sont des légumes et des fruits qui n’ont pas été ramassés ou qui n’ont pas été cueillis par manque d’employés, de temps ou parce qu’ils sont petits ou déformés, quelque peu abîmés ou trop mûrs pour être vendus, tout en étant parfaitement comestibles.
Du bénévolat terre à terre pour aider à vider les champs
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Guillaume Levasseur Le Devoir
Les bénévoles peuvent garder pour eux un tiers du total amassé ;
le deuxième tiers revient au cultivateur lui-même ;
le dernier tiers prend le chemin des banques alimentaires.
Jean-Louis Bordeleau
à Louiseville
Publié le 1er sept. 2023
Économie
Le glanage, vous connaissez ?
Cette très ancienne façon de vider les champs connaît une deuxième vie moderne. Des milliers de bénévoles sillonnent les campagnes québécoises pour lutter contre la faim, le gaspillage et, un tant soit peu, la pénurie de main-d’oeuvre agricole.
Entre deux rangs d’aubergines bien mûres, Éloïse Chamberland s’active pour récolter les innombrables légumes d’un domaine de la Mauricie. « C’est juteux », lance-t-elle en compagnie d’une douzaine d’autres cueilleurs. Ils participent à une séance de glanage organisée par Maski Récolte, https://consortium-mauricie.org/actions-d-ici/maski-recolte
un regroupement communautaire, et vident gratuitement le champ d’un agriculteur du coin.
En fait, pas tout à fait gratuitement. Les bénévoles peuvent garder pour eux un tiers du total amassé ; le deuxième tiers revient au cultivateur lui-même ; le dernier tiers prend le chemin des banques alimentaires. Une recette gagnant-gagnant-gagnant, au dire de tous les participants. Échange de bons procédés* !
« C’est gratifiant », témoigne Marie-France Gagnon, une cueilleuse qui a récolté un peu moins d’aubergines. « Ça pourrait créer des liens sociaux plus riches. Si chacun d’entre nous avait dans ses devoirs de citoyen de donner un peu de temps par année, la pénurie de main-d’oeuvre n’existerait pas dans les champs. Ou en tout cas, on aiderait à pallier la pénurie. »
« C’est quoi, quatre heures dans un été ? » souligne-t-elle.
Une façon de faire immémoriale
Le glanage n’est pas un concept nouveau : on le pratique depuis des temps immémoriaux dans les champs de céréales en Europe. On l’a même érigé en droit formel en France en 1554 pour maintenir la paix sociale. La population plus pauvre pouvait alors, sans avertir l’agriculteur, ramasser ce qui restait dans les fonds des rangs. Mais seulement une fois que l’agriculteur avait lui-même moissonné.
En 1554, la pratique du glanage, c'est-à-dire la collecte de restes de récoltes, était une coutume sociale tolérée en France, bien plus qu'un droit formel, avec une fonction implicite de maintien de la paix sociale en aidant les plus démunis à survivre. Bien qu'il n'y ait pas de loi précise de 1554, le droit de glaner était une tradition médiévale inscrite dans les mentalités, permettant de récupérer les denrées tombées ou oubliées, contribuant ainsi à limiter le désordre social et la faim.
Au Québec, des initiatives de glanage essaiment un peu partout. Chaque été voit son nombre d’agriculteurs et de bénévoles participants grossir. La pénurie de main-d’oeuvre, d’un côté, et l’importante hausse des prix en épicerie, de l’autre, ne sont pas étrangères à ce fructueux mariage entre producteurs et consommateurs.
La plupart du temps, les glaneurs passent après les employés. Mais le champ est parfois parfaitement plein. En Outaouais, par exemple, le glanage intéresse une nouvelle génération de producteurs attirée par une vision communautaire de leur exploitation, relate François Pays, coordonnateur de la Table régionale de concertation sur la faim et le développement social. https://tcfdso.org/
« Pour les petites exploitations, ça peut être intéressant. Pour cueillir à grande échelle, ça prend soit de la mécanisation, soit de la main-d’oeuvre immigrée, mais ce n’est pas accessible à tous les types d’exploitation. » — François Pays
Cela donne un coup de main quand « tout arrive en même temps », observe Karine Routhier, du collectif
Les Butineurs, https://www.lesbutineurs.ca/ implanté depuis 2020 au Lac-Saint-Jean. « Les gros producteurs ne nous appellent pas, mais les petits ou les moyens nous appellent. J’en ai maintenant à peu près une vingtaine. Juste ce matin, on a sorti 150 livres de haricots en deux heures. [L’entreprise compte] juste deux employés. Ils n’auraient jamais été capables de tout faire. […] On a déjà été 25 dans le champ de carottes. On a sorti près de 2000 livres dans le champ en quelques heures. »
Contre la faim et le gaspillage
Récolter les surplus pour lutter contre le gaspillage a débuté au Québec il y a quelques années autour de quelques kilos de fruits tirés d’arbres montréalais. Aujourd’hui, ce sont des centaines de tonnes de produits frais qui sont cueillies par des milliers de bras bénévoles aux quatre coins du terroir.
Dans la seule région de la Mauricie, plus de 700 bénévoles offrent leur service pour glaner les récoltes, plus que les champs ne peuvent fournir. Les appels au glanage surviennent très rapidement durant l’été et l’automne, quand le producteur est débordé ou qu’une grosse pluie menace de ruiner une récolte. « On a créé une liste de volontaires à la fin du printemps. On s’inscrit et on attend une confirmation. Nous, on envoie un courriel 24 ou 48 heures avant de venir cueillir », explique Jescika Lavergne, coordonnatrice du projet Cultive le partage. https://www.cultivelepartage.com/
Parmi la douzaine de glaneurs regroupés dans ce petit champ de Mauricie, on trouve des retraités qui viennent par plaisir, d’autres sans grands moyens qui viennent chercher à manger ou encore des travailleurs qui souhaitent simplement « éviter le gaspillage ».
Anne de Grandpré, qui en est à sa deuxième année de glanage à Louiseville, occupe ainsi son été de retraite par des séances de cueillettes en plein soleil. « Ça permet de faire des découvertes de cultures, de producteurs. Il faut aimer cueillir quand même. Après, pour nous, c’est du bonbon », dit-elle, le sourire aux lèvres et le coffre de sa voiture rempli de légumes frais.
Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
Ce sont des activités de bénévolat où l’on sait 48 heures avant que le champs est disponible pour le glanage. Nous vous contacterons par courriel ou par téléphone afin de vous offrir la possibilité de venir recueillir seul ou en groupe les diverses cultures qui seront disponibles pour nous. Le tiers de la récolte ira aux producteurs participants, une partie sera remise aux bénévoles glaneurs pour leur participation et le reste de la récolte sera remise à La Moisson Maskoutaine pour qu’elle puisse les redistribuer à ses 17 organismes membres dans la MRC des Maskoutains qui redonneront aux familles dans le besoin.
* Échange de bons procédés !
Désigne un acte bienveillant rendu en retour d'un autre acte bienveillant reçu.
C'est une sorte de contrepartie amicale ou de services mutuels, souvent informelle,
où une personne aide une autre en attendant ou en ayant déjà reçu une aide en retour.
Le terme anglais correspondant est quid pro quo.
Les Butineurs ont récolté plus de 24 tonnes de fruits et légumes cet été
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2026381/fruits-legumes-maraicher-di...
Publié le 13 novembre 2023 à 16 h 06 HAE
Les Butineurs, dont la mission est de cueillir et de distribuer des surplus alimentaires,
ont récolté plus de 24 tonnes (53 600 livres) de fruits et légumes, lors de leur dernière saison d’activités.
Il s’agit d’un record pour l’organisme sans but lucratif.
Au total, 232 cueilleurs bénévoles ont participé aux différentes activités de cueillette,
principalement sur le territoire de la MRC de Lac-Saint-Jean-Est.
En 2023, 32 variétés de fruits et légumes ont ainsi été distribuées dans des banques alimentaires,
des centres de femmes, des organismes d'aide aux familles et des popotes roulantes.
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