Histoire du chanvre au Canada – 1980-1992 : Douze années de Guerre contre la drogue

Au cours des douzes années suivantes, sous l'administration Reagan-Bush, on a vu le budget de la DEA (Drug Enforcement Agency) monter en flèche, on a vu la création de sentences minimales obligatoires pour la possession de drogue, et l'introduction des troupes américaines en sol étranger, notamment en Amérique du Sud et au Panama où la Guerre contre la drogue remplaça peu à peu la lutte contre le communisme. Le Canada mit de côté toute velléité de légalisation, pour ne pas nuire aux bonnes relations avec nos voisins du Sud. Cette politique se poursuit encore de nos jours, tout comme la lutte armée en Amérique latine d'ailleurs.

Cet essai n'est même pas près d'être assez long pour énumérer le compte exact des atrocités commises au nom de la Guerre contre la drogue, ou de la « Guerre contre certaines drogues » comme il serait plus juste de l'appeler. Des programmes comme la vaporisation de paraquat (agent orange) ainsi que d'autres poisons au-dessus des plantations extérieures de marijuana en Jamaïque et au Mexique, causèrent une contamination des réserves d'eau locales et causèrent également des dommages biologiques au enfants. Ces dommages sont irréversibles. Au cours d'autres opérations entreprises en Amérique du Sud, les troupes Américaines ont brûlé des villages et tué des fermiers afin de couper l'approvisionnement en drogue. Un véritable Viêt-Nam silencieux se déroule encore ainsi, loin des caméras, au moment où vous lisez ces lignes. L'administration Reagan-Bush fut, de plus, responsable de la vente d'énormes quantités de cocaïne pour financer cette guerre et éviter d'avoir recours aux fonds légaux approuvés par le Congrès américain. George Bush était aussi, faut-il s'en étonner, un des directeurs de Eli-Lilly, une grande compagnie pharmaceutique, et il en demeura un actionnaire majeur tout au long de sa carrière politique.

L'Amérique a surpassé dans les années 80 toutes les autres nations du monde en ce qui a trait au nombre de prisonniers par habitant, un autre fait qui continue à ce jour. L'Afrique du Sud et l'ex-Union Soviétique suivaient alors loin derrière, en deuxième et troisième position. Ainsi, le nombre d'américains emprisonnés pour des infractions relatives à la drogue durant les années 80 a dépassé le nombre total de prisonniers recensés au tout début de la décennie.

Toutes ces activités ont eu du succès à réprimer le trafic international de cannabis, mais il en résulta une augmentation de la popularité de la cocaïne, plus petite et beaucoup plus facile à cacher et à transporter, ainsi que de la culture de cannabis effectuée localement au Canada.