Salles d'injection: « C'est non ».

Forums: 

http://www.sudouest.fr/2010/11/16/salles-d-injection-c-est-non-240488-62...

16 novembre 2010 09h28 | Par Isabelle Castéra 13 commentaire(s)

Salles d'injection de drogue : « C'est non »

Le Premier ministre ne veut pas de salles de consommation de drogue, à Bordeaux comme ailleurs. Étienne Apaire, président de la mission interministérielle de la lutte contre les drogues et la toxicomanie, l'a confirmé hier en marge d'un colloque à Talence.

La porte semble définitivement fermée. Étienne Apaire est venu l'annoncer hier. Plus question d'envisager les salles d'injection en France.

Étienne Apaire, président de la Mission interministérielle pour la lutte contre les drogues et la toxicomanie (MILT), est directement rattaché à Matignon. Hier, avant le colloque de l'Agora, organisé à Talence, après l'inauguration de la communauté thérapeutique de Barsac et, avec moult précautions de rhétorique, l'homme a signifié la ferme opposition du Premier ministre à l'ouverture de salles de consommation de drogues surveillées, plus prosaïquement appelées « salles de shoot ». « Il serait interdit de consommer de la drogue sauf quand le gouvernement l'autorise ? » a-t-il ironisé.

Confusion des messages

« Notre politique de lutte contre les drogues ne fonctionne pas si mal en France, avec le dispositif existant, nous sommes le pays qui a le plus faible taux d'usage d'héroïne d'Europe. Pour la cocaïne, nous comptons moitié moins d'usagers que l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie, quant à l'usage de cannabis il ne cesse de baisser. Il n'est donc pas nécessaire de se lancer dans l'organisation de ces salles, on aboutirait à une confusion des messages. Reste la question qui interpelle Alain Juppé : que faire vis-à-vis de la population de drogués qui aujourd'hui, n'a pas accès aux dispositifs de soins existants ? »

Étienne Apaire fait référence à l'initiative d'Alain Juppé qui a organisé au mois d'octobre, une séance de travail autour de l'opportunité d'ouvrir une salle de consommation de drogues à Bordeaux aux toxicomanes, en présence des acteurs de la prévention et du soin. Selon l'entourage du maire de Bordeaux, ce dernier ne serait pas hostile à l'ouverture d'un tel lieu. Le groupe de travail mené par Véronique Fayet (adjoint aux affaires sociales) l'atteste.

Étienne Apaire connaît la position du maire de Bordeaux et prend de la distance. « Pour répondre à la question que se pose Alain Juppé, je pense que nous devrons développer des équipes mobiles qui vont au-devant de ces populations, a-t-il déclaré. Des équipes avec des psychiatres, qui, à l'image du Samu social assureraient des maraudes psychiatriques. Nous pensons développer une autre idée : la distribution de doses de méthadone à bas seuil. Le bus méthadone serait une solution pour Bordeaux. Après tout, voilà un produit licite. Dans l'esprit des gens, on ne confond pas le médicament et le poison. Alors que les salles d'injection, non. »

Selon lui, les études menées dans les pays où sont ouvertes depuis une décennie des salles d'injection ne sont pas « probantes ». « Il semblerait qu'à Vancouver au Canada, 30 % seulement des toxicomanes qui les fréquentent ont été orientés vers le soin. On ne sait pas s'ils sont allés au bout… C'est peu. À Genève, les salles étant fermées la nuit, les toxicomanes continuent leur consommation nocturne dans les rues. En matière de drogue, la France est la mieux placée. »

[Zappiste : pas sûr qu'en matière de drogue, la France est la mieux placée. !

"Nous avons des inquiétudes quand on entend le discours de la Mildt (mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) qui dit que les héroïnomanes ne sont plus un problème", a renchéri le le Dr William Lowenstein, addictologue et directeur général de la clinique Montevideo à Paris.

Selon le Dr Lowenstein, membre du bureau du Conseil national du sida, il y a environ 300.000 usagers d'héroïne en France dont 180.000 à problèmes. Parmi ces derniers, 120.000 sont pris en charge par des médicaments de substitution. Texte complet plus bas.]

« On ne renoncera pas »

Jean-Michel Delile, psychiatre, dirige le Comité d'étude et d'information sur les drogues et addictions de Bordeaux, il figurait parmi les représentants de la réunion de travail à la mairie de Bordeaux en octobre dernier. Fervent défenseur des salles d'injection. « Nous sommes favorables aux propositions d'Étienne Apaire, même si nous travaillons déjà avec des dispositifs mobiles. Aujourd'hui, il faut adapter nos réponses, car elles ont trouvé leurs limites. Nous assistons à Bordeaux, ces dernières années à des séroconversions, liées à l'usage de seringues (HIV, hépatites) dans des milieux précaires, des gens venus d'Europe de l'Est qui vivent dans des squats et n'ont pas accès à nos centres de préventions ou de soin. » «L'expertise de l'Inserm publiée avant l'été est fiable, ajoute-t-il, elle prouve l'intérêt des salles d'injection dans les grandes agglomérations. C'est toujours d'actualité. Nous ne renoncerons pas et continuerons la réflexion, on ne peut abandonner les toxicomanes à la clandestinité, aux cages d'escalier… »

Gironde · Alain Juppé · politique · santé · sondages
-----------------

http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5gpVqBqnHqpH-qzoqkJ4LJ...

Drogues: les opiacés dont l'héroïne sont "toujours là"
(AFP) – 4 nov. 2010

PARIS — Les opiacés, dont l'héroïne, sont "toujours là" dans le paysage français des drogues, même s'ils n'occupent plus le devant de la scène, mettent en garde des spécialistes du traitement de la dépendance.

"La tendance est peu à parler des dépendants aux opiacés. C'est passé de mode dans les médias mais ces drogues sont toujours, toujours là", a déclaré jeudi le Dr Jean-Michel Delile, psychiatre, en marge du 2e colloque international francophone sur le traitement de la dépendance aux opioïdes à Paris.

"Il ne faut pas que l'arbre de l'air du temps - les drogues de synthèse émergentes - cache la forêt", a ajouté le Dr Delile, également directeur du Comité d'étude et d'information sur les drogues (CEID, basé à Bordeaux).

Acteur de terrain de la réduction des risques, le praticien s'inquiète d'un retour des infections au VIH qui avaient disparu chez les consommateurs : "l'an dernier, nous avons eu 8 ou 9 séroconversions en Aquitaine, c'est préoccupant". D'autant plus que la consommation évolue vers des "populations en marge", arrivant d'Europe de l'Est et vivant souvent dans des squats.

"Nous avons des inquiétudes quand on entend le discours de la Mildt (mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) qui dit que les héroïnomanes ne sont plus un problème", a renchéri le le Dr William Lowenstein, addictologue et directeur général de la clinique Montevideo à Paris.

Selon le Dr Lowenstein, membre du bureau du Conseil national du sida, il y a environ 300.000 usagers d'héroïne en France dont 180.000 à problèmes. Parmi ces derniers, 120.000 sont pris en charge par des médicaments de substitution.

Copyright © 2010 AFP. Tous droits réservés.

----------------

http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_votre_service/drogue/drogue-en-f...

La consommation de drogues en France
Mis à jour le : 01/10/2009 16:40

La consommation de stupéfiants dans notre pays s'est considérablement aggravée au cours de la dernière décennie.

La consommation du cannabis est de très loin la première (+ de 80 % de l'ensemble des stupéfiants) avec 3,9 millions de consommateurs, dont 1,2 miliions de consommateurs réguliers. Plus de la moitié d’entre eux font un usage épisodique mais environ 1/3 ont une consommation problématique et 10% se trouvent au stade de la dépendance. Elle touche essentiellement la jeunesse (30% de consommateurs réguliers chez les jeunes adultes et plus particulièrement les garçons -environ 80 %-).
(Zappiste: ici ils disent 1,2 miliions de consommateurs réguliers de cannabis et ailleurs ils disaient 550 mille consommateurs réguliers ?)

Le climat idéologique ou passionnel autour de ce produit ainsi que le débat sur sa dépénalisation depuis de nombreuses années n’ont pas contribué à éclairer le public et ont certainement joué un rôle dans le développement de la consommation, qui a doublé en dix ans avec toutes ses conséquences sanitaires et sociales.

A l’âge de 16 ans, les jeunes Français sont actuellement les premiers consommateurs d’Europe.

Chez les jeunes, scolarisés ou non, les chiffres sont préoccupants. 38% des 15-16 ans scolarisés ont expérimenté au moins une fois le cannabis; 22% déclarent une consommation au cours du mois. Les étudiants sont des sur-consommateurs de cannabis, comparés aux actifs du même âge.

Parmi les 18-25 ans, 56% d'hommes ont expérimenté le cannabis, contre 39% de femmes. Chez les 15-64 ans, 4,2% d'hommes en font un usage régulier, contre 1,2% de femmes.

Dans cette tranche d’âge, l’usage de cannabis est devenu aussi fréquent que celui de l’alcool et l’association de ces deux produits est répandue, l’un potentialisant gravement les effets de l’autre.

La consommation de plus en plus précoce (l’expérimentation chez les mineurs a doublé en 10 ans) augmente les risques d’évolution vers un usage problématique ou une dépendance.

Un nombre grandissant d’usagers persiste au-delà de l’âge de 30 ans. Toutefois, à l’âge adulte, la plus grande partie des consommateurs réguliers abandonnent. S’il faut s’en réjouir, on doit conserver à l’esprit que l’usage de cannabis a eu lieu durant une période cruciale de l’existence déterminante pour l’avenir qui est celle des apprentissages, notamment professionnels. Enfin, si parmi une certaine proportion de la jeunesse, qui reste minoritaire, la consommation de cannabis s’est banalisée, sur l’ensemble de la population française, elle ne concerne qu’environ 5 % de nos concitoyens. En ce sens, on ne peut affirmer qu’elle soit devenue réellement un phénomène culturel d’une ampleur comparable à celui portant sur l’alcool ou le tabac.

La consommation de cocaïne dépasse les cercles habituels "branchés" et touche maintenant, souvent par effet de mode, une population jeune (en 2008, à 17 ans, l'expérimentation de la cocaïne concerne 25 000 jeunes. 3,3% des jeunes de 17 ans ont expérimenté la cocaïne). La saturation du marché américain a orienté davantage le trafic vers l'Europe via l'Espagne, les Pays-Bas et la côte ouest africaine.

Sous sa forme beaucoup plus addictive de « crack », elle est consommée par les populations les plus marginalisées, principalement aux Antilles et dans les quartiers nord de Paris.

Au total, on dénombre environ 150 000 consommateurs de cocaïne à divers degrés.

La consommation d'ecstasy et des nouvelles drogues de synthèse (principalement en provenance des Pays-Bas) est devenue fréquente à l'occasion des soirées rave, mais également dans les milieux festifs en général, notamment au sein des établissements de nuit. Les dommages psychiques et neurologiques graves qu'elle entraîne, longtemps sous-estimés, sont pourtant désormais reconnus par les praticiens.

2,9% des jeunes de 17 ans ont expérimenté l'ecstasy. Après avoir progressé jusqu'en 2002, l'expérimentation de l'ecstasy à l'âge de 17 ans est depuis à la baisse.

La consommation d'héroïne semble stabilisée ces dernières années, voire en baisse. On a pu cependant observer une augmentation de l’expérimentation chez les plus jeunes à l’occasion des événements festifs (raves parties).

L'expérimentation de l'héroïne concerne 360 000 personnes en 2005. En 2008, elle est plus forte pour les garçons (1,14%) que pour les filles (0,8%). La majeure partie de la population consommatrice d'héroïne bénéficie de traitements de substitution aux opiacés délivrés par des médecins : la «méthadone » et le «subutex ». Cette prise en charge a fait baisser la demande de drogues illégales et la délinquance pour l’obtenir ainsi que le nombre de morts par surdose et la transmission du VIH. Toutefois, ces médicaments restent des opiacés entraînant une dépendance et dont la délivrance doit rester encadrée afin d’éviter les mauvais usages, les détournements et la revente. Par ailleurs, si l’on se situe dans une réelle perspective de sortie de la toxicomanie et pas seulement dans une forme de maintenance, il est important que les traitements s’accompagnent d’un sevrage progressif et d’une prise en charge psychosociale.

Enfin, la polytoxicomanie, associant ces produits mais aussi l'alcool, les médicaments et le tabac, est une pratique de plus en plus courante. Elle est d’autant plus dangereuse que les effets des drogues peuvent être considérablement amplifiés.

Commentaires

Add new comment

Plain text

  • No HTML tags allowed.
  • Web page addresses and e-mail addresses turn into links automatically.
  • Lines and paragraphs break automatically.