Vers la légalisation du cannabis à usage médical, y compris à Tahiti ?

Vers la légalisation du cannabis à usage médical, y compris à Tahiti ?
mardi 30 juillet 2019

Réglementer et autoriser la production locale de paka pourraient être une manière de casser le trafic d’ice. C’est en tout cas, sous couvert d’anonymat, ce que pensent certains élus, avocats et magistrats locaux, persuadés que la légalisation du cannabis thérapeutique sera l’un des points majeurs du quinquennat du président Macron.
Justement, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a validé, le 11 juillet, le cadre proposé fin juin par le comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) qui vise à autoriser l’expérimentation de l’usage du cannabis thérapeutique en France. Cette expérimentation test devrait démarrer début 2020.

Le cannabis thérapeutique pourra être prescrit chez des patients en impasse thérapeutique, souffrant de certaines formes d’épilepsies résistantes aux traitements, de douleurs neuropathiques non soulagées par d’autres thérapies, d’effets secondaires des chimiothérapies ou encore pour les soins palliatifs et les contractions musculaires incontrôlées de la sclérose en plaques ou d’autres pathologies du système nerveux central.

Toutefois, il ne sera pas question de “joint sur ordonnance”. Les produits prescrits seront inhalés (huile, fleurs séchées) ou ingérés (solutions buvables, gouttes et capsules d’huile).

Pour un grand nombre de médecins, scientifiques et associations de malades, cette décision était très attendue car à l’instar de la morphine, antalgique très puissant provenant d’une molécule extraite de l’opium, principalement utilisée dans le traitement de la douleur, le cannabis contient plusieurs molécules dont le cannabidiol (CBD), reconnu comme étant un antalgique et un anti-inflammatoire très puissants.

À la différence du tétrahydrocannabinol (THC), autre molécule du cannabis réputée pour ses effets psychotropes et considérée comme une drogue pour ses effets psychoactifs, le cannabidiol ne présente aucun effet psychotrope, aucune dépendance et n’est pas toxique.

Quel rôle pour la Polynésie ?

De plus, des milliers d’études scientifiques réalisées un peu partout dans le monde depuis des dizaines d’années n’ont cessé de démontrer les bénéfices majeurs des vertus thérapeutiques du cannabis.

À l’issue donc de la phase de test prochainement mise en place, le gouvernement central décidera s’il généralise le cannabis thérapeutique. La Polynésie pourrait alors avoir un rôle important à jouer en étudiant la composition de ses plants car s’il s’avérait en effet exact que les taux de THC sont plus importants dans les plants made in fenua que dans ceux d’autres régions, nul doute que les taux de CBD le seraient aussi.

Cela signifierait donc que les plants de cannabis locaux pourraient intéresser de nombreux laboratoires pharmaceutiques cherchant à mettre en place des traitements médicamenteux efficaces, à base de cannabidiol.

Et en cas de légalisation du cannabis thérapeutique en France à la suite de l’expérimentation, la loi s’étendra à l’ensemble du territoire français et donc à la Polynésie française qui pourrait alors être amenée à autoriser et réglementer la production de paka.

Depuis 2013 où l’Uruguay a décidé de légaliser le cannabis, devenant ainsi le premier pays au monde à le faire, d’autres pays l’ont suivi. L’an dernier, le Canada, dix États des États-Unis, la Thaïlande et l’Australie l’ont également légalisé.

De nombreux pays d’Amérique du Sud ont aussi, au cours de ces cinq dernières années, légalisé ou autorisé l’usage médical du cannabis tout comme trente trois autres États des États-Unis qui approuvent l’usage médical de la plante. Récemment, ce sont nos voisins néo-zélandais qui viennent d’autoriser son usage médical.

Enfin, tous ces pays qui ont autorisé et légalisé la production de cannabis ont constaté une diminution significative du trafic souterrain de cannabis, générateur d’argent sale qui, souvent en Polynésie, est ensuite réinjecté dans l’ice, drogue aux effets dévastateurs, extrêmement addictive et qui toucherait sur le territoire une personne sur 30, selon la chef de service du centre de consultation en toxicologie de la direction de la santé, Marie-Françoise Brugiroux.

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