« Ce n’est pas un combat contre l’industrie de l’alcool, mais contre le cancer »
Ce constat, fondé sur plusieurs travaux scientifiques de référence
« Ce n’est pas un combat contre l’industrie de l’alcool, mais contre le cancer »
Le sénateur Patrick Brazeau poursuit sa bataille pour informer le public sur les dangers liés à la consommation d'alcool. Son projet de loi va être maintenant examiné par un comité sénatorial.
Le sénateur indépendant Patrick Brazeau a déposé un projet de loi sur l'étiquetage de l'alcool
Le sénateur indépendant Patrick Brazeau dans son bureau au Sénat
PHOTO : RADIO-CANADA / VINCENT RESSÉGUIER
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Vincent Rességuier (accéder à la page de l'auteur)
Vincent Rességuier
Publié à 4 h 00
Empoignant une bouteille de bière sans alcool, Patrick Brazeau souligne avec ironie que l'emballage comporte des mises en garde sur sa forte concentration en vitamine D.
L’étiquette recommande de limiter sa consommation à deux bouteilles par jour. Des avertissements sur les boissons non alcoolisées ? Bizarre, hein ! glisse le sénateur sur un ton provocateur.
Il n’y a aucune obligation similaire pour l’alcool et pourtant, rappelle-t-il, cette substance peut être à l'origine de sept cancers différents.
Ce constat, fondé sur plusieurs travaux scientifiques de référence, il l’a découvert à la sortie d’une période plutôt mouvementée. C’était il y a trois ans. Depuis, il n’a plus touché une goutte d’alcool.
Consommateur plutôt modéré pendant près de trois décennies, cette drogue l'a accompagné sur des terrains dangereux.
J'ai eu des problèmes d'abus d'alcool pendant trois années assez difficiles, raconte-t-il. Après être sorti du coma lors de ma deuxième tentative de suicide, j'ai commencé à faire une recherche personnelle sur les effets de l'alcool.
Il découvre alors que les trois quarts des citoyens canadiens, comme lui, ignorent en grande partie les risques liés à la consommation d’alcool. Le sénateur indépendant décide alors de rédiger un projet de loi sur la question qu'il a déposé en novembre dernier.
Dépliant édité par le sénateur Patrick Brazeau
Dépliant édité par le sénateur Patrick Brazeau pour faire la promotion du projet de loi S-254
PHOTO : RADIO-CANADA / VINCENT RESSÉGUIER
Informer les consommateurs sur les risques liés à l’alcool
Le projet de loi S-254 vise à imposer des mises en garde sur les emballages des produits alcoolisés.
S’il est adopté, le texte imposerait d’abord de mentionner la définition du verre standard(Nouvelle fenêtre).
Au Canada, un verre standard correspond à 13,45 grammes d’alcool pur. C’est par exemple le contenu d’une bouteille de bière de 341 ml avec 5 % d’alcool.
Il faudrait aussi indiquer combien de verres standards sont contenus dans l'emballage.
Le troisième point, le plus controversé, imposerait l’application d’une étiquette mentionnant que l'alcool peut causer sept cancers mortels.
« Ce projet de loi ne dit pas à un citoyen quoi faire, quoi ne pas faire. C'est un choix personnel et c'est correct. »
— Une citation de Patrick Brazeau, sénateur indépendant
Hasard ou non, sur la scène publique, le vent s’est depuis mis à souffler dans la même direction. En janvier, dans ses nouvelles directives, Santé Canada a noté qu’un verre par semaine peut poser des risques pour la santé.
Une affirmation qui a fait débat dans le milieu de la santé, mais qui a aussi déplacé le curseur de tolérance par rapport à l’alcool pour bon nombre de Canadiens.
La semaine dernière, une étude publiée dans le journal Nature Medicine(Nouvelle fenêtre) a conclu que l’alcool augmente les risques de contracter 61 maladies, même consommé avec modération. La nouveauté étant que cette recherche identifie 33 maladies qui n'avaient jamais été associées à l'alcool.
Lilian Wolfelsberger, fondateur de la Distillerie de Montréal
Lilian Wolfelsberger dans le laboratoire où il créé ses boissons alcoolisées
PHOTO : RADIO-CANADA / VINCENT RESSÉGUIER
Un accueil mitigé dans l’industrie de l’alcool
Lilian Wolfelsberger est copropriétaire et fondateur de la Distillerie de Montréal. Il commercialise une vingtaine de produits alcoolisés, mais n'est pas pour autant opposé au projet de loi.
L’étiquetage n'est pas quelque chose qui nous impressionne ou nous fait peur, assure le chef d’entreprise, issu d’une famille de bouilleurs de cru.
La Distillerie de Montréal exporte ses produits en Europe où la réglementation est beaucoup plus stricte. Les étiquettes doivent mentionner que l’alcool est dangereux pour les femmes enceinte, qu’il doit être consommé avec modération et qu’il est interdit de le vendre à des mineurs.
L’entreprise montréalaise doit même désormais composer avec la nouvelle réglementation irlandaise, adoptée au mois de mai, en réponse à une situation sanitaire alarmante à cause de l’alcool.
Les risques de cancer doivent être mentionnés sur les emballages, indique M. Wolfelsberger, tout en soulignant que l'Irlande est le premier pays à imposer un affichage plus strict que la réglementation adoptée par l'Union européenne.
« On n'accueille pas ça en disant "bravo", parce que qu’il va y avoir un coût. Mais au final, on ne va pas se mentir, abuser de l’alcool a un impact sur la santé. »
— Une citation de Lilian Wolfelsberger, fondateur de la Distillerie de Montréal
Produits commercialisés par la Distillerie de Montréal
La Distillerie de Montréal produit une vingtaine de liqueurs et de spiritueux
PHOTO : RADIO-CANADA / VINCENT RESSÉGUIER
Chez les grands industriels de l’alcool, l'accueil est plutôt tiède. Les principaux lobbys ne se bousculent pas pour commenter le projet de loi S-254.
L’association des brasseurs du Québec a décliné notre entrevue au motif que le texte n'avait pas encore été examiné par le comité sénatorial des affaires sociales, des sciences et de la technologie.
Dans un courriel, son directeur général, Philippe Roy, nous a écrit qu’un certain nombre de brasseurs domestiques se sont publiquement engagés à inscrire sur leurs étiquettes ou emballages des symboles mettant en garde contre la consommation d'alcool pendant la grossesse et la conduite en état d'ébriété.
Pas d’hostilité en apparence, mais le sénateur Brazeau s'attend à de l'opposition en coulisses.
L'industrie fait tout pour s'assurer qu'il n'y ait pas d'étiquette avec le mot "cancer" sur leur produit, soutient-il, ils vont dépenser plein d'argent, ils vont rencontrer des élus.
Si l'accueil du texte a été largement favorable chez les sénateurs, Patrick Brazeau s'attend d'ailleurs à plus de résistance à la Chambre des communes où les élus ont plus de réticence à soutenir des initiatives potentiellement impopulaires. D'autant que certains députés ont des liens directs avec l'industrie de l'alcool.
Marie-Ève Morin au micro de Catherine Perrin
La Dre Marie-Ève Morin
PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIER LALANDE
Des dangers connus
L'alcool est probablement un des produits récréatifs les plus toxiques sur le marché, déclare d’emblé, la Dre Marie-Ève Morin, médecin de famille qui se concentre au quotidien sur les questions de santé mentale et de dépendance.
La dose fait le poison, précise-t-elle, rappelant que c’est d’abord une question de quantité et de fréquence de consommation.
Mais, dans un second souffle, elle énumère les nuisances associée à la drogue la plus populaire du monde : l'alcool est toxique pour le cœur, peut débalancer un diabète, augmente le cholestérol, les risque d'AVC et d'infarctus et il a un effet négatif sur le système immunitaire, entre autres.
La liste n'est pas exhaustive et elle poursuit en évoquant les problèmes de dépendance, son domaine de prédilection.
Avant la pandémie, on estimait qu'une personne sur dix en Amérique du Nord était dépendante à l'alcool, s’alarme-t-elle. Et si on inclut les gens qui ont des problèmes d'abus, c'est un autre 10 % de la population.
« L'alcool est la substance psychotrope qui cause le plus de décès dans le monde. »
— Une citation de Dre Marie-Ève Morin
Dre Morin estime elle aussi que la population ne connaît pas suffisamment les risques liés à l’alcool et qu’il est temps d’agir.
Sans surprise, elle salue l'initiative du sénateur Brazeau qu'elle trouve courageux de s’attaquer à produit aussi populaire, banalisé et socialement prôné. Elle en veut pour preuve que les personnes sobres doivent régulièrement se justifier lorsqu’elles refusent un verre.
Le sénateur Brazeau se doute bien que le combat n’est pas gagné d’avance, mais il ne compte pas lâcher avant de célébrer la victoire.
Il a aussi l'espoir de contribuer à changer les perceptions chez les jeunes générations. Ce serait le gros rêve pour moi, ce n’est pas un combat contre l’industrie de l’alcool, c’est un combat contre le cancer, conclut-il.
En attendant, ce fier algonquin se réjouit chaque jour de gagner son combat personnel contre l’alcool.
Des canadiens ignorent ou refusent de savoir ?
Des canadiens ignorent ou refusent de savoir ?
« Le principal fléau de l'humanité n'est pas l'ignorance, mais le refus de savoir. »
Il faudrait commencer par imposer un âge minimum de consommation !
Et imposer jusqu’à 14 ans d’emprisonnement pour les parents irresponsables
qui fournissent et consomment cette drogue avec leurs enfants de moins de 21 ans.
Qu’il y ait les photos dégeu des cancers comme pour le tabac.
Et inclure des photos d’accidents et actes de violence envers soi et les autres.
Imaginez les cannettes de bières artistiques attirantes avec les avertissement de cancers et photos !
Ex: https://www.lasouche.ca/bieres
L'alcool est un facteur causal majeur des violences envers les femmes.
Dans les coffee shop qui vendent du cannabis et concentrés l’alcool est interdit !
Pourquoi mélanger de l’alcool un psychotrope mortel cancérigène avec un peu de cannabis ?
Pourquoi essayer de chercher des associations alcool cannabis pour des repas ?
Pourquoi mélanger du tabac mortel cancérigène avec un peu de cannabis ?
L’industrie voulait produire des mélanges tabac cannabis pré-roulés.
Même avec du CBD non psychoactif.
Pour le fric !
Et que le cannabis leur enlève toujours des consommateurs qu'ils ne tuent pas et des profits
comme il en enlevait aux dealmakers racistes, sexistes, homophobes, monopolistes
qui ont imposé pour le fric la prohibition mondiale injustifiable scientifiquement.
Et parce que le cannabis aux multiples bienfaits et usages millénaires ne tue pas ses consommateurs.
https://actualitescanada.com/lindustrie-canadienne-de-lalcool-affirme-qu...
L’industrie Canadienne De L’alcool Affirme Que
Les Étiquettes D’avertissement Sur Les Risques Pour La Santé Sont Inutiles
PAR ZOE WILLIAMS1060
L’industrie canadienne de l’alcool s’oppose à une demande d’étiquettes de mise en garde obligatoires sur les contenants d’alcool, comme le suggèrent de nouvelles directives qui limitent également considérablement la quantité recommandée que les Canadiens devraient boire.
CJ Helie, président de Beer Canada, a déclaré que l’industrie informe volontairement les gens de boire de manière responsable, de sorte qu’il n’y a pas besoin d’étiquettes.
« Un certain nombre de brasseurs canadiens, y compris un certain nombre de nos membres, ont des étiquettes ou des pictogrammes de mise en garde volontaire sur la santé sur les emballages traitant des avertissements contre la consommation d’alcool pendant la grossesse et la conduite en état d’ébriété », a déclaré Helie.
Cependant, un rapport sur les nouvelles directives sur la consommation d’alcool publié mardi par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances indique que les étiquettes d’avertissement pourraient informer les consommateurs sur les risques graves pour la santé, notamment le cancer, le nombre de verres standard dans un récipient et les avantages de limiter la consommation à deux boit par semaine.
« La consommation de plus de deux verres standard par occasion de consommation est associée à un risque accru de préjudice pour soi et pour les autres, y compris les blessures et la violence », indique le rapport.
Les conseils sont basés sur les conclusions d’un panel de 23 experts qui ont examiné près de 6 000 études évaluées par des pairs dans le cadre d’un processus de deux ans qui a également pris en compte les commentaires de 4 845 personnes lors d’un processus de consultation publique en ligne au printemps 2021.
Les données disponibles les plus récentes montrent que l’alcool cause près de 7 000 décès par cancer chaque année au Canada, la plupart des cas étant le cancer du sein ou du côlon, suivi des cancers du rectum, de la bouche et de la gorge, du foie, de l’œsophage et du larynx. Les maladies du foie et la plupart des types de maladies cardiovasculaires sont également liées à la consommation d’alcool.
Les directives mettent à jour les Directives de consommation d’alcool à faible risque du Canada établies en 2011, lorsque deux verres par jour étaient considérés comme à faible risque et que l’on croyait que les femmes pouvaient consommer en toute sécurité jusqu’à 10 verres par semaine et les hommes pouvaient prendre 15 verres.
Désormais, l’accent est mis sur un continuum de risque associé à la consommation hebdomadaire d’alcool. Le CCSA affirme que le risque de préjudice est faible pour ceux qui boivent deux verres standard ou moins par semaine, modéré pour ceux qui consomment entre trois et six verres standard et accru pour les personnes qui consomment chaque verre supplémentaire au-delà.
Cependant, Helie a remis en question la méthodologie des experts et a déclaré que les conclusions actuelles nécessitaient un examen indépendant, un sentiment partagé par le président de Spirits Canada, Jan Westcott.
Catherine Paradis, coprésidente par intérim des orientations du CCLAT, a déclaré que les experts avaient utilisé une méthodologie de renommée internationale suggérée par l’Agence de la santé publique du Canada et examinée par Santé Canada. L’Australie a utilisé la même approche pour les directives de consommation à faible risque, a-t-elle ajouté.
« Nous n’avons reçu aucune critique qui nous aurait obligés à refaire notre analyse », a déclaré Paradis à propos des commentaires pendant la période de consultation publique.
La CCSA, qui a annoncé ses orientations proposées en août dernier, a déclaré que l’industrie avait eu la possibilité de participer au processus de consultation publique.
Rob Taylor, porte-parole de Wine Growers Canada, a déclaré que le groupe n’avait pas participé aux consultations. Il a déclaré avoir lancé une initiative en ligne appelée « The Right Amount » en novembre pour éduquer les consommateurs sur la consommation responsable et sur la façon de calculer le nombre de verres standard dans un verre ou une bouteille d’alcool, en fonction du volume et du pourcentage d’alcool.
« Nous encourageons les gens à suivre le nombre de verres standard qu’ils consomment et à prendre des décisions éclairées concernant l’alcool et leur santé », a-t-il déclaré.
Au Canada, une consommation standard est de 17,05 ml d’alcool pur, ce qui équivaut à une bouteille de 341 ml de bière ou de cidre contenant 5 % d’alcool; un verre de vin de 142 ml contenant 12 % d’alcool ou un verre à liqueur de 43 ml contenant 40 % d’alcool.
Les Producteurs de vin du Canada élaborent un code QR qui pourrait être placé volontairement sur les contenants d’alcool pour diriger les consommateurs vers le site, qui avertit également que la consommation d’alcool peut être associée à un risque accru à long terme de maladie grave et qu’une consommation nocive peut affecter négativement les relations.
Paradis a qualifié le code QR d’outil de marketing et n’était pas d’accord avec l’accent mis sur la consommation excessive d’alcool plutôt que sur les risques de faibles niveaux de consommation. Les conseils devraient provenir d’experts de la santé, a-t-elle déclaré.
« Ils ne devraient pas être responsables d’informer la population sur les risques pour la santé de l’alcool, pas plus que je ne devrais être responsable de brasser leur bière ou de commercialiser leur vin », a-t-elle déclaré, ajoutant que les consommateurs ont besoin d’informations « au point de versement ». «
« Toutes les substances psychoactives légalement disponibles dans ce pays sont étiquetées, à l’exception de l’alcool. Pourquoi cela ? Les gens ont le droit de savoir. »
Paradis a déclaré que plutôt que d’attendre des changements réglementaires, l’industrie pourrait placer volontairement des étiquettes de mise en garde sur l’alcool, comme l’exige la CCSA.
Michael Goldney, copropriétaire des Lucky Bastard Distillers à Saskatoon, a décidé en 2015 d’inclure les directives nationales de consommation à faible risque et le nombre de verres standard sur tous les contenants d’alcool.
« Les commentaires que nous avons reçus de nos clients étaient plutôt positifs. De notre point de vue, cela n’avait pas vraiment de sens de dire aux gens de bien vouloir en profiter de manière responsable », a déclaré l’ancien médecin de famille.
« En fin de compte, nous voulons que nos clients aient les meilleures informations. Et nous avons toujours dit que nos clients ne nous servaient à rien morts ou en prison. »
Goldney a déclaré qu’il mettrait à jour ses étiquettes avec les nouvelles directives.
Une étude financée par le gouvernement fédéral publiée dans le Journal of Studies on Alcohol and Drugs en 2020 a suggéré que les étiquettes d’avertissement réduisent la consommation. Il était basé sur trois types d’étiquettes rotatives apposées sur des contenants d’alcool dans un magasin d’alcools à Whitehorse, où les ventes par habitant de produits étiquetés ont chuté de 6,6 % par rapport à celles d’un site témoin à Yellowknife.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 17 janvier 2023
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